By Cheikh Fall, Third Path Africa
Dans un pays qui se targue d’être un État de droit et de stabilité démocratique, l’histoire de Bocar Samba Dieye—affectueusement appelé “Gorgui”—rappelle cruellement que la justice différée est une dignité bafouée.
Depuis 2008, ce vétéran de l’importation de riz, âgé de 91 ans, mène une guerre silencieuse contre la CBAO, l’une des plus grandes institutions financières du Sénégal. La banque a saisi ses biens sur la base d’agios exorbitants et d’une traite fantôme de plusieurs milliards. Un expert judiciaire a confirmé les irrégularités. Les juges ont statué en sa faveur. Et pourtant, dix-sept ans plus tard, ses maisons restent menacées, et les décisions de justice demeurent lettre morte.
Ce n’est pas un simple litige bancaire. C’est une épreuve de conscience nationale.
Quand les tribunaux parlent et que les institutions refusent d’écouter, l’État de droit devient théâtre. Quand nos aînés doivent lutter seuls pour récupérer ce qui leur revient, nous trahissons les fondements mêmes de notre communauté.
L’affaire “Njublang” est désormais en cassation. Mais la question n’est pas seulement de savoir si Gorgui gagnera. C’est de savoir si le Sénégal honorera ses propres verdicts. Si l’État protégera ses citoyens contre les abus institutionnels. Si la dignité sera plus qu’un slogan.
Nous appelons le Président Bassirou Diomaye Faye, le Ministre de la Justice, et l’ensemble du pouvoir judiciaire à agir—non seulement pour Gorgui, mais pour chaque Sénégalais qui croit encore en la promesse de la justice.
Car quand la justice sommeille, la dignité doit rugir.